⚠️ Vigilance ⚠️
> L’alerte de NIVEAU ORANGE est lancée pour le département du Loiret pour le jeudi 21 novembre à partir de 11h00.
> Chutes de neige entre la fin de nuit de mercredi à jeudi et la soirée de jeudi 21. Le phénomène est attendu sur la région et le département à partir du milieu de matinée du jeudi 21 novembre.
> Dans la nuit de jeudi à vendredi 22, les températures sont négatives (entre -2 et -1°C) avec un risque de regel pour vendredi 22 novembre matin.
> Suivez la situation météorologique : numéro gratuit de Météo-France (05 67 22 95 00) et site internet météorologique de votre choix < https://vigilance.meteofrance.fr/fr/loiret >
Les Temps Anciens de Paucourt
Les éléments présentés dans cette page sont issus d'une exposition qui avait eu lieu en 2000 et dont le titre était "Paucourt, du néolithique à l'an 2000".
Vous trouverez aussi sur cette page un texte qui retrace les conditions de vie à Paucourt au 18° siècle ainsi que des articles parus dans les anciennes éditions du Vivre à Paucourt.
La clairière aux mille Pommiers
(extrait du bulletin municipal 2004, texte de Michel Girardy, rubrique “Le saviez-vous ?”)
Ainsi qualifiait-on la partie de la commune de Paucourt située au centre du massif forestier jusque dans les années 1960. D’autres y voyaient une « Petite Normandie ».
Les plus anciens habitants se souviennent avec émotion du spectacle romantique qu’offraient les arbres en fleurs à la fin du printemps, « comme s’il avait neigé sur la clairière ». Il reste malheureusement peu de pommiers dans les champs et seul un cliché pris d’avion dans les années 1950 permet de se faire une idée de la profusion de ces arbres qui, pendant des siècles, ont contribué à créer un paysage rural exceptionnel tout en procurant à ses habitants un complément de revenu non négligeable.
La production familiale de fruits constituait jadis une ressource alimentaire importante et convoitée. Ainsi, en 1537, un acte notarié précise que Nicolas Regnauldeau, habitant Montargis, donne en location à Jehan Morin et à Jehan Bouteronet des terres qu’il possède à Poucourt (ancien nom de Paucourt) moyennant 20 boisseaux de seigle et « la moitié des fruits ». Conditions identiques mentionnées dans un acte de 1587. En 1743 Eutrope Chauvelin est engagé comme jardinier au château de la Motte où il sera logé et pourra disposer « du jardin et des fruits à condition d’en fournir au seigneur de Santigny lorsqu’il viendra à Poucourt ».
Certes les pommes n’étaient pas les seuls fruits cultivés à Paucourt. En 1548, une plainte est déposée pour « vol de prunes » sur une parcelle située à la Mothe de Paucourt. En 1662 Georges Guyon, seigneur du même lieu, achète un arpent où « y a quantité d’arbres fruitiers » pour 200 livres tournois. En 1697, on apprend que la métairie de Montcousson (ou Moncochon, [aujourd’hui disparue dans la forêt])] possédait « 60 arbres fruitiers, tant pommiers, poiriers, pruniers et guigniers »..
La commercialisation des fruits est sans doute la conséquence d’une production particulièrement abondante due aux qualités du terroir. Un acte de 1647 indique que « Pierre Mégence » est « marchand de fruits et hostellier à Poucourt ». En 1652 ce sont les noms de « Louis Thonnellier » et de « Pierre Legros » qui figurent comme « marchands fruitiers à Poucourt ». En 1660 on trouve « Nicolas Joma » qui exerce cette profession (la famille est encore présente sur la commune). Dans les années 1670 on trouve encore dans la profession les noms de Sulpice Thonnellier, Barthélémy Petit , Guillaume Petit, Jean Petit, François Gillet, Suplice et Jacques Sevin.
La réputation des pommes de Paucourt avait même franchi les limites du canton et les quantités négociées étaient considérables. En 1677, « Michel Mégence achète tous les fruits de la Daslonnerie » (sud-est de la rue du Stade) pour 120 livres. Le 12 décembre 1687, le même Mégence « s’engage à livrer de jour en jour et dans le jour de Noël prochain venant, au port de Puits Lalaude, à Laurent Vergne, marchand à Montargis, la charge du bateau appartenant à Jean Nepveu, de pommes qui sont de présent dans un grenier de la maison où demeure led. Megence et ce qu’il faudra de plus pour charger ledit bateau de 2 pieds de charge le fond compris, sera pris sur les fruits qui appartiennent au dit Mégence qui sont dans une chambre dépendant du lieu de Bellebat, tant renette, soury, que courtpendu, … le sieur Vergne sera tenu retenir à chacune livraison, sans aucun rebus sinon celles qui seront entièrement pourries ou qui seront seulement pourries de la largeur du pouce, dans lesquels fruits il n’y aura aucune pomme de trochette. .. le surplus sera fourni en pommes de Locard seulement » pour 300 livres dont 150 à la première livraison. « Vergne sera tenu de fournir un homme nuit et jour pour aider à décharger les fruits et les mettre dans le bateau à ses frais ». Ce contrat nous apprend qu’il s’agissait de fournir des pommes à couteau (Locard) et non des pommes à cidre (Trochet[te]) . Ces chargements étaient destinés à être vendus à Paris.
Le siècle suivant a sans doute connu la même activité puisqu’en 1700, Thimothé Vergne, achète « les fruits de la métairie des Libordes à La Chapelle St Sépulcre » pour alimenter son négoce. Les archives au delà de cette date ne sont pas en notre possession.
Pour se faire une idée de la valeur de ces contrats il faut savoir que vers 1600 une tête de bétail valait 20 livres ; un cheval 25 livres ; un boisseau (13 litres) de froment 1 livre; un arpent de vigne 240 livres ; un arpent de pré 60 livres à 100 livres. Vers 1700 un boisseau de seigle valait 40 sols (2 livres) ; une vache=20 à 25 livres ; un bœuf=24 livres ; un cheval=60 à 80 livres.
Les variétés de fruits :
Pommiers : Sébin carrée (= Sébin vert) en forme de cœur utilisées pour le cidre ou comme pomme à couteau conservées tout l’hiver dans de la balle d’avoine ou de la poudre de liège dans des tonneaux. Sébin jaune (hâtif,) Sébin grappe (cidre), Locadt (mixte), Bassard, Belle Fleur, Pigeonnet, Trochet gris, Petit Trochet. (cidre) Trochet (saulet), reinette grise (couteau).
Poiriers : Poires de Sauge (immangeables) pressées seules donnaient une boisson proche du vin blanc ; mélangées aux pommes, elles donnaient le Poirée.
Poires de Renard et poires de Beurrée (gris et Hardy). Poires de Curé (conservées jusqu’en mars). Quelques sujets âgés de plus de 150 ans subsistent sur la commune
Les soins apportés aux arbres fruitiers : Nettoyage des bois morts, suppression du gui (« aguitage ») obligatoire avant le 15 avril sous peine d’amende par la gendarmerie. Piochage autour des troncs.
La multiplication : était obtenue par greffes sur des sauvageons récupérés en forêt (malus).
La récolte : Toute les familles étaient mobilisées. Les branches étaient secouées avec des crochets ou en montant dans les ramures, ce qui entraînait parfois des chutes.
Les quantités de fruits : Les arbres à maturité donnaient entre 500 et 600 kilos de fruits. Certains atteignaient 1000 kg. Le rendement était de 60 à 70 litres de jus pour 100 kg de fruits.
L’usage qui en était fait : Jusqu’en 1940 on expédiait encore des pommes à couteau vers Paris. Les charrettes étaient chargées à Fontenay. La plus grande partie était destinée à la fabrication du cidre pour la consommation locale. Les fermiers de Beauce en achetaient pour la boisson des ouvriers agricoles. Le surplus était livré à la cidrerie de Château Renard.
Le marc de pommes était distillé par le bouilleur de cru (Mr Chaudagne de Ferrières, Mr Dumont) qui s’installait derrière le lavoir jusque dans les années 1970.
Les restes de cidre étaient transformés en vinaigre.
Les modes de presse : Il y avait un pressoir hydraulique fixe à la maison Dunis, rue de Cepoy, qui a cessé son activité pendant la guerre 39-45. Un autre construit par Mr Marc Dufour, rue de l’Église, n’a fonctionné que quelques années. Certains possédaient des pressoirs individuels manuels.
Les fruits étaient mis en sacs, chargés sur des charrettes avec les tonneaux pour aller au pressoir. La presse effectuée, les tonneaux, qui contenaient soit environ 120 litres de cidre (feuillettes), soit 240 litres (pièces) et le marc étaient rechargés sur les charrettes puis redescendus chez les particuliers à l’aide de poulains (sorte d’échelle à barreaux métalliques cintrés).
Après la guerre est apparu un pressoir ambulant ce qui évitait toutes ces manipulations. La tournée est actuellement assurée par la famille Riboulet de Bransles mais, hélas, le nombre de personnes ayant recours à ses services diminue d’année en année.
La disparition des pommiers a commencé avec la mécanisation des modes de culture. Le premier tracteur a fait son apparition en 1947. L’utilisation des socs multiples et des moissonneuses-batteuses était gênée par le grand nombre de pommiers disséminés dans les champs. Par ailleurs la production de pommes de plein vent ne pouvait pas compenser l’augmentation des rendements en céréales et la production des nouvelles variétés dans des vergers de plusieurs hectares. C’est ainsi qu’après la guerre 1939-1945, Mr Mermoz, qui devint maire par la suite, planta un verger encore visible rue de Cepoy. Il commercialisa sa production jusque dans les années soixante.
Ainsi en moins de vingt ans le paysage de la clairière a été complètement modifié. La population a triplé et dans les jardins les essences ornementales ont remplacé les pommiers qui avaient fait la réputation de la clairière.
Michel GIRARDY
Paucourt au 18e siècle, la population entre 1708 et 1780
(synthèse d'une étude de Claude Brunet)
Les baptêmes et les décès.
- les naissances ne dépassent régulièrement les décès qu’à partir de 1751.
- la mortalité infantile ne régresse pas pendant la décennie. Elle se maintient entre 30 et 40 % (30 % des enfants meurent avant 1 an).
- un enfant qui dépasse l’âge de 6 ans possède par la suite de grandes chances d’atteindre l’âge de 20 ans.
- les épidémies jouent un grand rôle sur la mortalité.
- l’espérance de vie des hommes (44 ans) est inférieure à celle des femmes ( 50 ans).
L’évolution des mariages: comparaison de la décennie 1710-1720 et de la décennie 1751-1760.
L’âge du mariage :
- les garçons se marient plus vieux d’une période à l’autre (24 ans à 27 ans).
- les filles se marient plus jeunes d’une période à l’autre (24 ans à 22 ans).
La durée du mariage :
- un mariage ne dure en moyenne que 10 ans.
- les remariages sont nombreux pour des raisons matérielles.
- d’une période à l’autre, les durées de veuvage ont tendance à raccourcir pour les hommes (de 2 ans à 7 mois) comme pour les femmes (de 2 ans à 18 mois).
- les femmes de 30 à 40 ans épousent plus souvent des jeunes hommes d’au moins 10 ans leur cadet (de 1 mariage dans ce cas à 4 mariages).
La composition des mariages :
- la paroisse est plus ouverte sur l’extérieur à partir de 1750.
- ceci est dû pour une part à l’ouverture de chemins (Bois le Roy en 1749 par ex).
- c’est la femme plus souvent que l’homme qui vient de la paroisse voisine.
- ce déficit de femmes en âge de se marier sur la paroisse peut s’expliquer par l’afflux d’hommes du fait de l’exploitation forestière (scieurs de long venus du Lyonnais et du Forez).
Les professions.
- Paucourt vit plus de sa forêt que de ses champs. On trouve les professions de domestiques, manœuvres et laboureurs comme dans toutes les paroisses, mais on trouve aussi de nombreux muletiers, voituriers par terre, scieurs de long, 1 ou 2 marchands de bois, quelques gardes.
- On peut d’après les remariages repérer les parcours professionnels suivants :
* un fils de laboureur se retrouve volontiers domestique puis muletier.
* un manœuvre devient muletier.
* un muletier devient volontiers voiturier par terre.
- Il s’en dégage une espèce de hiérarchie des professions: la profession de muletier paraît être une promotion par rapport à celle de manœuvre et de domestique. Et le muletier aspire à devenir voiturier, voire même laboureur.
_________________
L’histoire de Edme Lerond, manœuvre : une chaîne parentale
Il a encore sa mère et deux frères, mais il vient de perdre Edme, son père, et d’avoir 25 ans. Il est majeur. En février 1720, il épouse Edmée Tonnelier. Elle n’a pas encore 20 ans mais son père est mort quand elle en avait 12 et sa mère s’est remariée depuis peu avec un veuf.
En 7 ans de vie conjugale elle va donner le jour à deux garçons.
Edme Lerond meurt en 1727 à 31 ans. Sa femme Edmée Tonnelier se remarie un an après avec Charles Martin, manœuvre lui aussi dont le père est mort et qui n’a encore que 23 ans, 4 ans de moins que la veuve. En 13 ans de vie commune, 5 enfants vont naître, soit un tous les trente mois en moyenne.
Deux de ces enfants vont mourir, l’un à 5 mois, l’autre à 6 ans. En 1743, en pleine épidémie, c’est au tour de la mère de mourir à 42 ans, qui laisse 2 enfants du premier lit et trois enfants du deuxième.
Charles Martin, à 38 ans n’attend pas deux mois pour se remarier avec Marie Anne Relié.
Les deux garçons nés du premier lit, des adolescents n’ont plus rien de commun avec le nouveau couple. L’aîné mendie et meurt quelques années plus tard à 22 ans, suivi par son frère peu après.
Le deuxième mariage de Charles Martin va durer 15 ans et va voir la naissance de 6 enfants. Trois de ces enfants vont mourir: le premier après quelques jours de vie, le deuxième à l’âge de un an et le troisième à quatre ans.
En 1758 le foyer s’éteint : le père (53 ans) et la mère (40 ans) meurent en laissant trois orphelins de 8 ans, 5 ans et deux mois.
_________________
Le prieuré de Montcochon
(extrait du bulletin municipal 2009, rubrique “Le saviez-vous ?”, article de Michel Girardy, résumé d'une étude de Gaston Leloup.)
LOCALISATION DU DOMAINE DE MONTCOCHON
Il se situe dans le quadrilatère formé par les actuelles routes des Sept Frères, du Mardeleux, du Conservateur et de Cepoy à Paucourt, dans les parcelles 41, 42, 43 de la Série Ouest. Après la chute des feuilles, les promeneurs attentifs pourront retrouver des restes de fossés, seuls vestiges apparents de près de 7 siècles de présence humaine.
Le seul témoignage qui subsiste de nos jours est le nom de Montcochon porté par un hameau de Fontenay. Ce hameau, situé à peu de distance au sud du Boutoir, a dû être construit sur les 5 arpents de terre et de marais, ancienne dépendance de Ste Marguerite, et en perpétue le souvenir.
ORIGINE DE MONGOUSSON (Montcochon)
Le nom de Mongousson (Munguncen) apparaît pour la première fois en 1173, date à laquelle Pierre de Courtenay, cinquième fils de Louis le Gros, fait don de la terre de Mongousson au frère bénédictin Sevin de Chappe. Il ne dut pas résider longtemps à Mongousson car, en 1174, il céda ce lieu aux sœurs de la Madeleine (Prieuré orléanais).
Par un acte antérieur à 1183, Pierre de Courtenay confirma la donation de Mongousson (= Mongeaut) : « Au nom de la Sainte Trinité…Nous, Pierre de Courtenay … Nous voulons qu'il ne soit caché à personne que nous avons donné aux susdites moniales le lieu appelé Mongeaut … Et pour que cela soit confirmé, nous avons marqué le présent acte de l'impression de notre sceau ».
Cet acte est confirmé par Philippe Auguste en 1183. L'année suivante, il donna aux moniales de Montgochon la dîme du pain et du vin de sa table quand lui et la reine seront à Montargis et Paucourt (Pogo).
Dans les actes cités, on constate des variations des noms de lieu très sensibles : Munguncen (1173), - Mongeaut (avant 1183), - Mongochaut (1183), - Monguostum 1184), - Mongochon (1184). Les Sœurs de la Madeleine persisteront, jusqu'au XVIIIe siècle à donner le nom de Mongousson au domaine alors que localement ce nom évoluera en Moncochon ou Montcochon.
LE PRIEURE DE SAINTE MARGUERITE DE MONGOUSSON,
Les moniales étaient installées au prieuré en 1184 comme il est indiqué dans la donation de la dîme du pain et du vin du Roi. D'après De Vauzelle qui ne précise pas ses sources, le prieuré fut occupé jusqu'à la fin du XIVe siècle.
Au XVe siècle la discipline de l'ordre s'était fort relâchée. L'abbesse de Fontevrault, Marie de Bretagne, s'attacha à réformer I'ordre. Un acte de Mai 1476, qui est une déclaration des appartenances de Ste Marguerite de Mongousson, semble consacrer la sécularisation du lieu.
Les religieuses durent donc décider d'arrenter (louer) le domaine par bail emphytéotique. Par ces baux de très longue durée, le preneur et ses héritiers jouissaient des biens pour une redevance annuelle fixée pour toute la durée du bail, à charge de fournir une hypothèque en caution. Le domaine n'était plus qu'une simple propriété agricole, mais qui bénéficiait de privilèges attachés à l'exploitation obtenus par les religieuses au cours des siècles.
LE DOMAINE DE MONGOUSSON DU XVIe AU XVIIIe SIECLE
Le premier détenteur connu est Estienne Regnard, marchand à Montargis, qui prend à bail le domaine pour 120 ans à charge de 25 livres par an, le 5 août 1563, devant Sébastien Blanchard, notaire, à Orléans (B.N., man. franç. 11984). Ce bail resta dans la même famille probablement jusqu’à son échéance. Le bailleur suivant apparaît dans un acte de 1697 sous le nom de Claude Guérignon. De nombreux métayers ont pu être recensés.
PASSAGE DU DOMAINE A GUILLAUME BOUVIER, PUIS AU DUC D'ORLEANS.
Le 22 septembre 1721, les Prieure et Religieuses de la Madeleine lès Orléans cèdent à Guillaume Bouvier, chevalier, Seigneur de la Motte Bouron,... la terre, fief et seigneurie de Mongousson .
En 1729, le Duc d'Orléans ayant émis le désir, (qui était un ordre), d'acquérir le domaine, Bouvier cède au duc d'Orléans « le fief et terre de Montcochon, situé en forest de Montargis estimé à 6556 livres 11 sols 8 deniers ». Dans les quinze ans qui suivirent, l'administration du Domaine du duc d'Orléans fit démolir les bâtiments et replanter la clairière de Montcochon, ce qui entraîna en 1745 une réclamation du curé de Paucourt, Duchesne, à cause de la perte de casuel (honoraires) entraînée par cette disparition.
_________________
Le lavoir de Paucourt
(extrait du bulletin municipal 2003, rubrique “Le Saviez-vous?”)
Le bâtiment de la mairie de Paucourt était un ancien presbytère, devenu mairie en 1988. La mare qui l’entoure était le vivier du curé.
En 1896, le conseil municipal proposa l’installation d’un lavoir public sur cette mare.
Extrait de la délibération du conseil municipal du 15 novembre 1896 : « considérant que l’établissement d’un lavoir public serait un véritable bienfait pour la population de la commune, le conseil autorise en conséquence monsieur le Maire, à se pourvoir immédiatement auprès de l’autorité compétence pour obtenir toute autorisation à cet effet et prie Monsieur le Préfet du Loiret d’intervenir auprès de l’autorité diocésaine pour obtenir l’autorisation de construire à l’entrée du vivier du presbytère un lavoir public »
Mais le curé ne l’entendait pas ainsi et ne souhaitait pas de lavoir sur son vivier.
Après maintes péripéties, c’est le Président de la République de l’époque, M. Félix FAURE qui, par décret, autorisa la commune de Paucourt à installer le lavoir public sur les dépendances du presbytère (décret fait à Paris le 10 novembre 1898).
Le lavoir fut enfin construit en 1900 et utilisé jusque dans les années 50. Depuis il ne cessa de se dégrader….
Une équipe de bénévoles paucourtois décide en 1993 de reconstruire le lavoir de Paucourt et cette réhabilitation dura deux ans.
_________________
La vie à Paucourt dans les années 1930-1950
(texte de Michel Girardy paru dans le « Vivre à Paucourt » de mars 2012 à la rubrique « Le Saviez-vous »)
On ne peut porter une appréciation sur la vie actuelle dans notre village sans se référer au témoignage de ceux qui enfants ou adolescents vivaient ici au milieu du siècle dernier. Ils ont été témoins de l’évolution des techniques qui ont progressivement modifié leurs modes de vie, leur environnement et la composition sociologique de la population. Leurs témoignages se retrouvent dans les lignes qui suivent.
Agriculture et Arboriculture
Avant 1940, il n’y avait guère plus de 250 habitants dont les ressources provenaient essentiellement d’une quinzaine d’exploitations agricoles et forestières
Les chevaux, ânes, mulets et bœufs étaient les seuls moyens de traction. Certains petits fermiers battaient encore au fléau avant 1945, mais beaucoup faisaient appel à une batteuse actionnée par une machine à vapeur dont un exemplaire est encore visible dans une grange ouverte rue de la Vallée. Une douzaine de personnes étaient nécessaires pour en assurer le fonctionnement. Il a fallu attendre les années 60 pourvoir apparaître les moissonneuses-batteuses.
On cultivait surtout blé, orge, avoine, luzerne, betterave fourragère et œillette (qui fournissait de l’huile pendant la guerre). Tous ces grains étaient traités au moulin de Cepoy où ils étaient transportés en charrette. C’était aussi à Cepoy que se trouvait le maréchal-ferrant. La plupart des fermes élevaient des volailles, des cochons, des moutons et possédaient de 2 à 10 vaches pour les besoins en lait, crème, beurre, fromage de la famille; le surplus allant aux marchés. Le taureau préféré se trouvait à La Chapelle St Sépulcre mais les vaches renâclaient à faire la route à pied car elles vivaient en étable.
Pour assurer l’autosuffisance l’arboriculture était une nécessité. Les noyers procuraient de l’huile et leur bois était valorisé. L’« écalage » des noix était l’occasion de veillées où chacun y allait de son histoire ou de sa chanson. Les cerneaux étaient pressés à l’huilerie Malapeau à Montargis.
La culture des pommiers était la seconde ressource financière avec les céréales. Nos compatriotes les plus âgés évoquent encore avec émotion le spectacle de ces « Mille Pommiers » au moment de leur floraison qui faisait penser que la clairière était couverte de neige. Les soins apportés aux pommiers et poiriers (élagage des bois morts, émondage, greffage, piochage) prenaient beaucoup de temps. La suppression du gui (« aguitage ») était obligatoire avant le 15 avril pour éviter une amende de la gendarmerie. Pour récolter les 500 à 1000 kilos de pommes que donnait chaque arbre, toute la famille était mobilisée. Il est arrivé que certains jeunes téméraires se blessent en tombant des arbres où ils étaient montés pour secouer les branches hautes. Jusqu’en 1940, une grande partie de la production était vendue à Paris comme pommes à couteau, le reste servait à la confection du cidre et du vinaigre pour la consommation familiale. Les fermiers de Beauce venaient aussi acheter la boisson de leurs ouvriers pour l’année. Il y avait deux pressoirs hydrauliques exploités par Ms Dunis et Dufour. Les tonneaux (feuillettes de 120 litres ou pièces de 240 litres ) et le marc étaient rechargés sur les charrettes puis redescendus chez les particuliers à l’aide de poulains. Après la guerre une partie était livrée à la cidrerie de Château-Renard.
Jusqu’en 1970 le bouilleur de cru venait s’installer au centre du village, derrière le lavoir et chaque chef de famille venait faire distiller son marc pour confectionner la « gnôle ».
Dans les vergers on trouvait aussi des cerisiers (Cerises aigres et bigarreaux), des guigniers et des pruniers. Une partie de ces fruits était distillée (kirsch, goutte). On trouve de nombreux cerisiers sauvages (merisiers) en forêt. Le chemin des Grands Genêts s’est aussi appelé chemin des Cerisiers. Ils se distinguent très bien sue la lisière au moment de la floraison.
Certains propriétaires possédaient encore des rangs de vigne jusque dans les années 1950.On en trouvait le long du chemin des Huit Arpents (Jules Dère), route de Montargis (Marchand), rue des Écoles (Dère), rue du Stade (Delaville, Raffard), rue de Cepoy et rue de la Grotte aux Loups.
Tous les paucourtois n’étaient pas propriétaires exploitants ou fermiers. Un certain nombre se louaient pour les travaux agricoles ou forestiers. L’abattage se faisait entre le 15 août et le 15 avril. Il n’était pas rare de voir un alignement de fardiers tout au long de la route de la Chapelle lorsque les charretiers faisaient la pose de midi. Il y avait alors la scierie Delaville à la sortie de la route de la Chapelle St Sépulcre, remplacée par un lotissement, et une autre (Leroy,Cachon) à la sortie de la route de Montargis où subsiste encore la maison du gardien. Les houppiers étaient débités en bois de chauffage, les éclaircissements étaient transformés en charbonnette et en charbon de bois. 10% était laissé au garde forestier. Dans les années 1950 les premières scies motorisées ont remplacé les passe-partouts et les tracteurs ont pris la place des chevaux.
La vie domestique était rythmée par la confection du pain que l’on cuisait pour la semaine. La lessive se faisait en deux temps : le blanc était mis à bouillir dans la lessiveuse avec cristaux de soude et savon de Marseille, puis la couleur avait sa place dans le « lessu » (reste de lessive). Ensuite on transportait le linge dans une brouette jusqu’au lavoir avec savon, battoir et garde-genoux. Des « canetis » (boudins de paille) tenaient les lentilles d’eau à distance et en hiver il fallait casser la glace et affronter les douloureuses engelures. (Ce n’est qu’en 1955 que les premières maisons eurent l’eau courante). Les plus démunis devait demander un permis pour aller ramasser du bois mort en forêt.
Quelques festivités venaient toutefois apporter un peu de joie : la St Éloi le 1 décembre donnait lieu à un défilé et à un brandon. On fêtait aussi la St Louis le 25 août sans doute pour marquer la transition entre les moissons et les labours. Plus tard il y eut aussi des bals devant l’auberge.
L’année 1939 allait bouleverser cette vie rurale, laborieuse mais paisible, comme l’avait fait la guerre de 14-18 quand pratiquement chaque famille avait perdu un père ou un fils. Cela a bien sûr commencé par l’exode qui pour la plupart s‘est fait à pied ou à vélo. Les rescapés évoquent les cadavres le long de la route, les nuits passées dans les fossés, les restes de pain et de nourriture avariée glanés ici et là. Beaucoup ne purent franchir la Loire. Au retour, effectué dans les camions de la Wermacht, ils trouvèrent les maisons ouvertes et partiellement pillées, les quelques biens récupérables éparpillés dans le village.
L'année 1944
Comme dans beaucoup de campagne, les paucourtois n’eurent pas à subir de grandes restrictions alimentaires et les troupes allemandes ne venaient que rarement. Le remplacement du café par la chicorée a cependant marqué les esprits. Ce n’est que le 22 août 1944 que la guerre prit un tour tragique à Paucourt. Alors que les troupes américaines approchaient de Montargis par l’ouest, la garnison allemande avait entrepris d’évacuer la ville dans la nuit tout en maintenant une arrière-garde en forêt. Contre toute attente, un détachement américain avait contourné le massif forestier et arrivait par la route de Griselles. Beaucoup d’habitants vaquaient à leurs tâches quotidiennes lorsque vers 17 heures 30 deux officiers allemands en voiture demandèrent aux habitants de rentrer chez eux parce qu’un combat allait avoir lieu. Un char américain, parvenu près de l’église, détruit le véhicule entraînant la mort des deux officiers et l’incendie d’une ferme. D’autres soldats allemands trouvent la mort en quelques minutes. En même temps un drame, qui va endeuiller la commune, se déroule au Bout-d’en-Haut : un soldat américain est surpris par un soldat allemand qui le blesse puis vient l’achever sous les yeux de M. Pigoni et Mme Gladel, sa belle-mère. Celle-ci ne peut s’empêcher de marquer sa désapprobation. En réponse l’allemand la repousse dans la maison et lui lance une grenade mortelle. M. Pigoni qui s’était réfugié dans une chambre aura droit à une balle dans la jambe avant que les soldats U.S. n’abattent le meurtrier. Malgré les nombreux accrochages qui se sont produits en d’autres points, le décès de Mme Gladel fut le seul dans la population locale. Vingt-deux allemands trouvèrent la mort, beaucoup furent blessés ou faits prisonniers. Nous ignorons le nombre de victimes chez nos libérateurs.
Jusqu’à la fin des années 40, la vie a repris son cours habituel, mais la décennie suivante allait apporter de nombreux changements. Avec eux les américains ont amené la motorisation de nombreuses activités. Les tracteurs et les premières voitures automobiles ont entraîné la disparition des animaux de trait (chevaux, mulets, ânes). L’apparition des charrues multi-socs a entraîné la disparition progressive des pommiers également victimes de nouvelles variétés cultivées différemment. Même les jeunes filles ont dû aller chercher du travail à l’extérieur, traversant la forêt à bicyclette, matin et soir, pour aller à Chalette ou à Montargis. Des marchands ambulants ont commencé à faire des tournées dans le village quand les fermes disparaissaient rapidement. Plus aucune n’est encore en activité directe mais les bâtiments sont parmi les constructions les plus anciennes que l’on peut reconnaître dans la commune grâce aux proportions typiques de l’architecture agricole gâtinaise (toit à deux pentes sans débordements, couvertures en petites tuiles de pays, chaines d’angle et encadrements en briques). Les changements apportés au paysage de la clairière traduisent les bouleversements entraînés par l’évolution technique. Seule la volonté des élus permettra de maintenir un caractère rural à la commune.
Remerciements à Mmes Berlioz, Siguret, Rabaglia (petite fille de Mme Gladel), et à Ms Alba, Delaville, François et Siguret, pour leurs contributions.
Michel Girardy