Maintenir l’équilibre entre la forêt et les grands animaux : l'ONF communique
La maitrise des populations des grands ongulés comme les chevreuils, cerfs, ou sangliers est cruciale pour maintenir l’équilibre écologique de nos forêts. C’est un objectif encore plus pressant avec l’accélération du changement climatique.
L’important, c’est de maintenir une population adaptée à la capacité alimentaire du massif forestier
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon les dernières statistiques de l’ONF, 55% des surfaces des forêts domaniales, c’est-à-dire appartenant à l’Etat, sont en situation de déséquilibre forêt-ongulés à cause d’une surpopulation de chevreuils, cerfs, biches, sangliers... Le danger pour les forêts est bien réel et visible. Présents en trop grand nombre, ces animaux consomment en quantité importante certaines graines et jeunes arbres, compromettent ainsi la croissance et le renouvellement des peuplements forestiers et appauvrissent la diversité des essences d’arbres, d’arbustes et de plantes, notamment celles adaptées au changement climatique.

Pour le forestier, il n'est pas question de supprimer tous ces grands animaux mais simplement de maintenir une population maîtrisée en cohérence avec les capacités alimentaires du massif forestier. Les forestiers appellent cela : l'équilibre sylvo-cynégétique.
Comment trouver cet équilibre ? Pour définir le nombre d’animaux à chasser, le forestier s’appuie sur le suivi des populations et des dégâts de gibier sur les espèces végétales.
Il observe les végétaux consommés par les chevreuils et cerfs : quand les plantes les moins appétentes pour ces animaux sont mangées, on peut en déduire qu’ils sont sous pression pour partager la nourriture présente. La comparaison de l’état de la végétation protégée par un grillage ou non est également un indicateur très démonstratif. En grand nombre, les grands animaux peuvent se nourrir d’une part très importante des graines tombées au sol, limitant la régénération naturelle.
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Parcelle protégée par un grillage | Parcelle non protégée |
Forêt domaniale de Tronçais – La parcelle 152A est protégée par un grillage, les jeunes chênes atteignent déjà 2 à 3 mètres de hauteur.© Rémi Rouvière /ONF
Forêt domaniale de Tronçais – La parcelle 251 est située juste à côté de la parcelle engrillagée, les jeunes chênes sont consommés tous les ans ("abroutis" en langage forestier) et se développent très mal. Ils ne dépassent pas 1 m de hauteur et sont donc toujours à portée de la dent des animaux. Les herbes hautes (Molinie) prennent peu à peu la place des jeunes chênes. La régénération naturelle est menacée.© Rémi Rouvière /ONF
La régulation
Le suivi régulier des grands ongulés est crucial pour comprendre leur dynamique et leur évolution. En comparant les données sur plusieurs années, les gestionnaires forestiers peuvent observer les tendances et ajuster leurs stratégies de gestion en conséquence.
Aujourd’hui, dans un contexte de changement climatique, résorber le déséquilibre est essentiel. Le défi que l’ONF doit relever avec ses partenaires chasseurs est de permettre la diversité floristique et le renouvellement des forêts sans protection individuelle, ni engrillagement ; ceci nécessite une densité d’ongulés compatible avec ce renouvellement.
Des protocoles de suivi partagés avec les chasseurs existent (Les ICE - indices de changement écologique , Sylva faune ou Brossier Pallu) et l’ONF travaille avec les chasseurs pour partager les constats. En 2024, la Fédération nationale des chasseurs (FNC) et l’ONF ont conclu un accord national pour la gestion des grands ongulés dans les forêts domaniales, visant au rétablissement de leur équilibre dans les zones à enjeu de renouvellement.
Mesures clés de l'accord ONF-FNC (Fédération nationale de la Chasse)
• Actions ciblées pour rétablir l'équilibre : des dispositifs tests sont mis en œuvre dans les zones à fort enjeu de renouvellement forestier. Ces actions se basent sur un principe « gagnant-gagnant » : une réduction de la population de grand gibier par une augmentation des prélèvements, contre une baisse des prix de loyers de chasse ou le versement de bonus.
• Mesures sylvicoles et aménagements d'espaces naturels : des aménagements spécifiques, tels que l'entretien des bords de routes et des sommières, et la gestion des lisières, sont mis en place pour améliorer la capacité d'accueil du milieu forestier.
• Agrainage dissuasif : l'agrainage dissuasif est utilisé pour réduire les dégâts agricoles et forestiers, en attirant les ongulés vers des zones spécifiques où ils peuvent être plus facilement gérés.